Apprendre, progresser et réussir avec les pictogrammes – École maternelle Tony Lainé – Poitiers

Dispositif expérimental de maîtrise de la langue à l’école Tony Lainé maternelle de Poitiers.

L’école Tony Lainé expérimente depuis deux ans l’utilisation des pictogrammes en classes pour favoriser et développer la maîtrise de la langue, ainsi que pour développer l’autonomie des élèves.

A l’origine du projet

Environnement du projet

L’école Tony Lainé est une école située en réseau d’éducation prioritaire qui accueille 207 élèves répartis sur neuf divisions (plus les dispositifs UEP). Le quartier compte un grand nombre de familles d’origines diverses dont la majorité est issue de catégories socio-professionnelles très défavorisées et ne parle pas le français à la maison (on a dénombré vingt-sept langues différentes parlées).

Situation de départ

Malgré toutes les approches tentées, les difficultés persistaient dans la maîtrise de la langue orale : les élèves en difficulté à l’oral en petite section étaient toujours en difficulté en grande section. La nécessité d’un maître supplémentaire et d’une nouvelle approche s’imposaient. L’équipe a donc réfléchi à un projet qui permette à tous de développer et d’acquérir les compétences orales attendues.

Mise en place du projet

 Objectifs du projet

Il s’agit avant tout de prévenir l’échec scolaire, plutôt que d’y remédier, afin de :

  • développer le langage, comprendre les consignes,
  • vivre ensemble et développer l’autonomie,
  • réduire les écarts et prévenir l’échec scolaire.

Pour cela, trois axes de travail ont été privilégiés :

  • du coté des élèves : développer les compétences orales afin de favoriser la réussite scolaire,
  • du coté des familles : rassurer et expliciter pour créer le lien,
  • pour l’équipe enseignante : repenser le travail en équipe.

 Organisation du projet

 

Le projet implique toute l’équipe éducative. Il s’adresse majoritairement aux élèves de moyenne section (deux classes) mais un travail est également mené avec les autres niveaux. Ainsi, en petite section, un atelier cherche à favoriser le « oser parler » en passant par le jeu pour les enfants pour qui l’oral est difficile.

Un maître supplémentaire, Mme Duguy, titulaire de son poste, a été affectée à plein temps sur le projet. Elle intervient en co-enseignement la majorité du temps et coordonne le projet.

 Mise en œuvre

  • Avec les élèves :

Les séances recourent à l’utilisation des pictogrammes ou à de nouvelles activités (Narramus, notamment, afin de travailler la compréhension de l’implicite). En début d’année, tous les élèves de petite section sont observés afin de déterminer les besoins. Les séances se déroulent dans les salles de cours habituelles, de préférence en utilisant une salle de classe et une salle contigüe.

  • Avec les familles :

La classe est ouverte aux parents le vendredi. Les parents sont accueillis jusqu’à 9h30 puis un temps d’échange s’ensuit. De plus, un atelier de co-éducation est proposé le dernier mercredi de chaque mois, sur inscription. Il est animé par une maîtresse spécialisée et porte sur des questions qui lient maison et école, telles quelle « Comment mieux dormir pour apprendre à l’école ? ».

  • Avec l’équipe :

Un temps de régulation chaque jeudi midi sur la pause méridienne permet d’échanger sur les moyens et les grands. Des conseils des maîtres sont dédiés également au projet. Mme Duguy aménage son emploi du temps de façon à intervenir selon les contraintes matérielles (salle supplémentaire attenante à la salle de classe) et les besoins de l’équipe enseignante.

Zoom sur…

Les pictogrammes

L’idée de l’utilisation des pictogrammes en classe est venue de l’inclusion des enfants à besoins particuliers pour qui on utilisait justement les pictogrammes.

Les pictogrammes s’organisent en deux catégories :

pictogrammes consignes : bleus pour les outils scolaires, rouges pour les actions ;

pictogrammes métacognitions : sur des tâches mentales.

Le but est d’amener les élèves à développer leur langage et à devenir autonomes dans leur prise de parole et dans la gestion des tâches scolaires.

Pour cela, leur utilisation se fait selon les niveaux de la façon suivante :

  • en petite section : les pictogrammes outils sont introduits en fin d’année pour certains enfants,
  • en moyenne section : trois séances par semaine, les pictogrammes sont utilisés dans la classe et en petits groupes avec Mme Duguy,
  • en grande section : une séance par semaine.

Une séance

La séance est organisée de façon à travailler en petits groupes afin que chaque élève progresse selon son niveau de compétences. Les élèves écoutent la consigne orale puis la réalisent en s’aident des pictogrammes posés sur la table par l’enseignante (exemple : « entoure »…). L’enseignante vérifie ensuite que la consigne a été correctement réalisée par chaque élève Les consignes peuvent être simple ou plus complexes, selon le niveau de compétences du groupe. Lors de la correction, l’enseignante reprend si nécessaire avec l’enfant. Chaque réussite est ensuite valorisée par un jeton.

Les partenariats

Depuis septembre 2020, un partenariat est engagé avec la section RPIP du lycée Branly  de Châtellerault : des jeunes de la section créent des pictogrammes dans le cadre du « chef d’œuvre » afin de finaliser la création des pictogrammes.

Dominique Bellec, enseignant chercheur accompagne l’équipe dans une recherche prospective . L’INSPE et le CERCA .

Bilans et perspectives

Premiers bilans :

  • Une quinzaine de familles par classe participe aux classes ouvertes ou aux ateliers de co-éducation. Les familles ont même demandé à ce que les ateliers de co-éducation soient poursuivis en
  • les évaluations des élèves rendent compte des effets bénéfiques du Les recherches doivent permettre d’objectiver ces observations.
  • le dispositif entraîne des changements de pratiques dans le travail de toute l’équipe enseignante au

 Les points forts du dispositif :

Au terme de ces trois années, on observe des progrès dans :

  • la compréhension des consignes,
  • le développement du langage,
  • le vivre ensemble et l’autonomie des élèves, le climat scolaire.

Perspectives

Les bilans hebdomadaires et annuels effectués par l’équipe font émerger des perspectives, telles que :

  • la création d’une plaquette pour diffuser le modèle ;
  • le développement du travail avec la recherche (tests CERCA en septembre, puis en milieu d’année : les résultats sont attendus en fin d’année) ;
  • le développement du travail avec les familles car il n’a pas pu être pleinement exploité du fait des contraintes.

Cet article est également consultable sur l’espace pédagogique du site de l’académie de Poitiers.

https://ww2.ac-poitiers.fr/cardie/spip.php?article608 – Auteur : Marie Metais pour le CARDIE