Sur un signe de Vermeer

 

Série 4 : Johannes VERMEER

Johannes Vermeer est né aux Pays-Bas en 1632. Son père est aubergiste mais il vend aussi des tableaux. Johannes est donc entouré de peintres dès son enfance. Il effectue un apprentissage de six ans chez un peintre pour pouvoir entrer en 1653 comme artiste indépendant à la guilde de Saint Luc de Delft, une association d’artistes.

Le 20 avril 1653, il épouse Catharina Bolnes une riche héritière qui lui permettra de vivre plus facilement. En effet, à la mort de son père il hérite de toutes ses dettes et de la mauvaise réputation de son grand-père.

Il emménage chez sa belle-famille. Ils vivent dans une grande maison de 11 pièces située au cœur de Delft.

Il peint à l’étage, dans une pièce exposée au nord avec des doubles-fenêtres à volets.

On peut imaginer que sa maison ressemble à la maison peinte dans La ruelle en 1658.

 

Il ne peignait que deux ou trois tableaux par an car il travaillait très longtemps sur un tableau, parfois six mois.

À partir de 1670, il a de nouveau de gros problèmes financiers. En 1675, en allant à Amsterdam pour demander un emprunt, il tombe malade et décède très rapidement.

Mais à quoi ressemblait-il ?

Vermeer s’est peut-être représenté sur ces deux tableaux :

 

 

 

 

 

 

Chez l’entremetteuse, 1656

Dans Chez l’entremetteuse, 1656, il serait le personnage de gauche, un peu dans l’ombre.

Dans L’art de la peinture, 1666, il se serait représenté en train de peindre son modèle.

Il porte dans ces deux tableaux le même costume avec des manches noires et blanches.

La jeune fille à la perle

Qui était cette Jeune fille au turban ?

Ce tableau est ce que l’on appelle une trogne. C’est-à-dire l’une étude d’un visage ou d’une attitude du visage. Par exemple quelqu’un qui rit, qui est en colère ou une jeune beauté comme cette jeune femme. Elle est un peu déguisée, les jeunes femmes au XVIIème siècle ne portaient pas de turban.

Ce n’est pas un portrait car cette toile ne représente pas quelqu’un réellement, c’est un portrait imaginaire.

 

  • Commence par regarder attentivement ce tableau.

 

  • Essaie de décrire la posture de cette jeune fille. Que peut-on alors imaginer ?

Elle est dans une pièce, son corps est de profil, même légèrement de dos et elle se retourne car elle a entendu quelque chose. Qu’est-ce que c’est ? C’est nous !

Elle tourne la tête vers nous, elle nous regarde.  Et ce mouvement est renforcé par le foulard qui semble bouger. Nous avons presque l’impression de la déranger. Mais elle veut bien dialoguer avec nous.

Vermeer à travers ce tableau réussit à créer un lien entre le XVIIème et le XXIème siècle, entre cette jeune femme délicate et nous, spectateurs !

 

  • Observe de plus près la perle à son oreille et ses lèvres.

Regarde bien la perle : quelle est sa forme ? Une forme de perle, ronde ! Pourtant il n’y a aucun contour !

Si on zoome sur cette perle, on peut voir que ce sont seulement deux reflets de lumière, deux touches blanches qui donnent sa forme à la perle.

 

Quelle impression as-tu en regardant les lèvres de cette jeune fille ?

À la commissure des lèvres, il y a une petite tache rose avec une pointe blanche et sur la lèvre inférieure, le peintre a mis un peu de rose très clair. Cela nous amène à penser que ses lèvres sont un peu humides et donc très vivantes, très délicates. Cela donne de la vie au modèle.

  • La lumière

 

  • Essaie de trouver de quelle direction vient la lumière qui éclaire la jeune femme.
  • De quelle direction arrive la lumière dans les œuvres de Vermeer ci-dessous.

 

jeune femme écrivant une lettre 1665

 

Réponse :

 

Comme dans de nombreux tableaux de Vermeer, la lumière vient de la gauche et elle est légèrement en oblique.

 

Dans la jeune fille à la perle, la lumière vient aussi de la gauche. On voit son reflet dans les yeux de la jeune femme comme dans sa perle.

  

L’ombre n’est pas très marquée donc la jeune fille est éclairée avec une lumière douce. Comme pour la perle, nous ne voyons aucun contour sur le visage : c’est uniquement grâce à la lumière que Vermeer donne l’idée de relief et de fraicheur.

 

  • La Jeune fille à la perle : la Joconde néerlandaise!

La Joconde, Léonard de Vinci, 1503

Comme celui de la Joconde, le regard de la jeune fille à la perle « se plante » droit dans celui du spectateur, et semble le poursuivre lorsqu’il se déplace devant le tableau. On peut aussi trouver d’autres similitudes :

  • Ces deux œuvres représentent le portrait d’une jeune femme en buste.
  • La jeune fille est peinte sur un fond sombre pour accentuer le contraste, et ainsi l’effet de présence.
  • Vermeer utilise une technique qui rappelle celle de Léonard de Vinci : comme nous l’avons vu, les lignes de contours s’estompent et c’est la lumière qui sculpte la forme du visage.
  • Comme la Joconde, on ne connait pas l’identité de cette jeune femme.

La vue de Delft, 1661

Seuls deux tableaux dans l’ensemble de l’œuvre de Vermeer représentent des scènes d’extérieur, deux exceptions qui confirment la règle : La Ruelle et La Vue de Delft.

 

  • Après avoir observé attentivement le tableau, note tout ce que tu as vu.

une ville, le ciel avec des nuages, des murs, des bateaux, quelques personnages, deux églises, un canal, des toits orange ou bleus, des reflets sur l’eau, …

 

  • Essaie de t’imaginer dans ce tableau, à la place du peintre et note ce que tu entends, ce que tu sens, ce que tu respires.

Peux-tu imaginer qui sont ses deux femmes sur le quai au premier plan et ce qu’elles viennent faire en ville ? Que se disent-elles ?

 

En regardant ce tableau, on a l’impression d’ouvrir une fenêtre et de voir Delft d’il y a 350 ans.

C’est le matin, le Soleil vient tout juste de se lever, tout est calme. Sa lumière est filtrée par le grand nuage un peu plus foncé que les autres. Dans ce tableau, le ciel est très important, il occupe une grande moitié supérieure.

Le bateau sur la gauche contre le quai juste devant nous, est un coche d’eau, c’est le moyen de transport favori des néerlandais.

Il a fait descendre ses passagers, on voit deux dames qui se parlent ; Sinon rien ne se passe. Peut-être que la ville dort encore. Les remparts et les murs qui nous font face sont encore dans l’ombre, peut être endormis, mais on voit que cette ville va bientôt se réveiller car le Soleil en éclaire une petite partie au centre du tableau.

On entend presque les cloches, on sent l’air du matin, très pur qui ravive. L’eau est très lisse comme un miroir.

 

Le géographe, 1669

Le 17ième siècle aux Pays-Bas est appelé le siècle d’or néerlandais. Il s’agit d’une période de l’histoire qui voit les Pays-Bas se hisser au rang de première puissance commerciale au monde.

On y fait le commerce d’épices, de café, de porcelaines de Chine, de tapis turcs, d’ébène, de tissus, de soie et de métaux précieux. Écrivains et savants s’y installent pour enseigner et faire des recherches ; le pays devient l’un des centres du savoir.

À lieu à cette époque une vraie révolution scientifique. Vermeer s’intéresse à la connaissance de l’univers à travers la cartographie, la géographie, l’astronomie et l’optique. Il est le seul artiste de l’histoire qui ait peint un géographe.

Les cartes commencent à passionner le public. On découvre à cette époque l’atlas de Mercator qui regroupe 18 cartes du monde entier.

On peut rapprocher cette toile d’une autre toile de Vermeer : l’astronome.

L’astronome et le géographe sont les deux seules toiles sur lesquelles Vermeer peint des hommes, probablement au même endroit.

Géographie et astronomie étaient, au 17ième siècle des sciences voisines, qui avait pour but la découverte des mondes nouveaux. Ces sciences étaient utilisées pour les déplacements maritimes des hommes et des marchandises et pour l’observation des étoiles permettant de calculer la position exacte des navires. Le compas que le géographe tient dans la main est présent, posé sur la table de l’astronome, devant sa main gauche.

Comme sur les toiles telles La laitière, La jeune fille à la perle ou encore Le Concert, la lumière du Soleil entre par les petits carreaux de la fenêtre et met en relief le profil du savant habillé d’un costume d’intérieur élégant bleu bordé de rouge. Il est penché en avant, il s’appuie d’une main sur un livre. Il semble en pleine réflexion. Il est entouré de cartes : sur la table, au sol, sur le mur du fond. Un globe terrestre est posé sur l’armoire.

L’homme représenté semble être le même que dans L’astronome. Il pourrait s’agir du savant Antoni van Leeuwenhoek, ami du peintre résidant à Delft.

 

  • Essaie de comparer Le Géographe et l’Astronome. Qu’ont en commun ces deux toiles ?

 

  • Le modèle du peintre semble être le même homme.
  • Ils sont dans le même cabinet d’étude. On retrouve la même armoire, la même table et le même globe.
  • Ils sont éclairés par la même lumière.
  • Ils portent tous les deux une grande robe de chambre sûrement en soie. Elle est très bleue pour le géographe, un peu plus verte pour l’astronome. Celle du géographe présente une bordure de fourrure teinte en rouge, absente de celle de l’astronome.

 

Le bleu de DELFT

 

A l’origine de la porcelaine de Delft, le bleu de Delft, il y a la porcelaine chinoises et son coloris bleu.

Porcelaine Ming (1368 – 1644)

Ce sont les Portugais qui ont été les premiers à rapporter de la porcelaine chinoise en Europe au 16ème siècle. En 1604, les Hollandais capturent deux navires portugais transportant 100.000 pièces de porcelaine. Les marchandises sont vendues à des acheteurs de toute l’Europe lors d’une vente publique en Hollande (certains acheteurs représentaient les rois de France et d’Angleterre). Cette vente a marqué le début de la passion de toute l’Europe pour la porcelaine chinoise. Dès lors, une course pour percer le secret de la porcelaine chinoise est lancée.

Au milieu du 17ème siècle, plus de 30 poteries font leur apparition à Delft aux Pays-Bas. Mais on ne peut pas parler ici de porcelaine (le kaolin servant à sa fabrication n’étant pas connu des Hollandais), mais plutôt de faïence imitant la porcelaine chinoise.

Au siècle suivant, l’industrie de Delft est confrontée à toutes sortes de difficultés, surtout à la concurrence des Anglais qui découvrent la terre de porcelaine et fabriquent une porcelaine plus dure et plus blanche. Les faïenceries de Delft ferment une à une.

 

  • La couleur de ces poteries, dû à l’oxyde de Cobalt, est très présente dans les œuvres de Vermeer. Sauras-tu retrouver dans les vignettes ci-dessous le précieux bleu de Vermeer ?

 

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Johannes VERMEER