Sur le modèle de Monet

 

Série 6 : Claude Monet

Courte biographie

Né le 14 novembre 1840 à Paris, Claude Monet passe son enfance au Havre.

À l’âge de 18 ans, il rencontre le peintre Eugène Boudin, (peintre français, le premier qui commence à peindre les paysages à l’extérieur de son atelier) considéré comme le précurseur de l’impressionnisme avec lequel il travaille un temps sur les côtes normandes. Ce dernier lui conseille de se rendre à Paris pour suivre des cours et rencontrer d’autres artistes. Monet déclare alors : “Si je suis devenu un peintre, c’est à Eugène Boudin que je le dois”.

        

Sur la plage, coucher de Soleil, Eugène Boudin, 1865      La plage à Trouville, Eugène Boudin, 1893

 

À Paris, il rencontre de nombreux artistes peintres : Pierre-Auguste Renoir, Camille Pissarro, Gustave Courbet et Alfred Sisley.

En 1865, le Salon (une ancienne manifestation artistique se déroulant à Paris depuis la fin du XVIIe siècle qui exposait les œuvres des artistes choisis et reconnus) accepte les toiles de Monet qui sont très bien reçues. Il peint Le déjeuner sur l’herbe.

Claude Monet âgé de 25 ans, photographié par Etienne Carjat

En 1874 a lieu la première exposition impressionniste où est présenté Impression, Soleil levant. Y seront exposés aussi des peintres tels que Cézanne, Renoir, Sisley, Pissarro, Berthe Morisot et Degas.

Impression, Soleil levant, 1872

La légende raconte que le terme “impressionnisme” – qui donnera son nom au courant – est dû au critique d’art Louis Leroy qui se moquait du style de ces peintres.

Le mouvement impressionniste mené par Monet est très peu reconnu et souvent décrié : en effet, il s’oppose aux règles strictes établies par l’Académie royale de peinture et de sculpture.

 

Autoportrait au béret, 1886

À partir de 1890, Claude Monet débute ses séries de tableaux avec Les Meules, Les Peupliers et la célèbre série des Cathédrales de Rouen. Il se rend également souvent à Londres où il effectue près d’une centaine de tableaux du brouillard sur la Tamise.

Cathédrale de Rouen, 1892-1894, série de 30 tableaux

Claude Monet s’installe en 1883 à Giverny. Il y restera jusqu’à mort. En 1899, Monet commence la série des nymphéas dans sa maison de Giverny.

Il décède le 6 décembre 1926 à Giverny.

 

L’impressionnisme

Monet est un des inventeurs du courant que l’on appelle l’impressionnisme.

Qu’est-ce que l’impressionnisme ?

  • C’est une peinture en plein air, à l’extérieur des ateliers. L’apparition des tubes de peinture en métal va permettre aux impressionnistes de prendre leur chevalet pour peindre sur place en plein air. Le développement du chemin de fer va faciliter les déplacements et permettre aux peintres de découvrir la mer et les bords de Seine.
  • Le développement de la photographie dès 1839 va permettre de fixer une scène, un paysage et aux impressionnistes d’observer et d’étudier ces différents moments ou paysages. La photographie permet aussi de rendre la réalité dans ses moindres détails, les peintres se sentent donc libérés de cette contrainte. Ils explorent d’autres sujets, d’autres façons de peindre.
  • Les impressionnistes vont peindre en s’intéressant particulièrement à l’instant présent à travers les variations de la lumière et des couleurs. Ils vont alors utiliser des couleurs pures déposées sur la toile en touches rapides et colorer les ombres. Ils se sont rendu compte qu’un violet obtenu en mélangeant du bleu et du rouge perd en

luminosité tandis que s’il est obtenu par petites touches juxtaposées, il gardera tout son éclat. Leurs ombres ne sont plus noires mais violettes, les blancs utilisés ne sont plus purs.

  • Leurs sujets préférés sont :
  • Le développement industriel (architecture, ponts, gares, chemin de fer, mobilier urbain…).
  • La ville, surtout Paris
  • La campagne
  • Les bords de mer
  • Les jardins
  • La vie moderne : le travail et les loisirs (les bals, les courses de chevaux, le monde du spectacle, les cafés…).
  • Le temps qui passe, la lumière et les jeux des couleurs changeant : le brouillard, les ombres, les reflets, …
  • La figure humaine (portraits)

Le bain à la grenouillère, 1869

La Grenouillère était un restaurant au bord de la Seine. Il était fréquenté par des Parisiens assez aisés financièrement. Au cours de l’été 1869, Monet peint ce lieu de détente très en vogue dans les années 1860 où se pressent baigneurs et promeneurs qui pouvaient s’échapper de la ville le temps d’un week-end.

 

  • Ce restaurant était fréquenté par des Parisiens assez aisés financièrement. Trouve des indices qui le prouvent.

Les femmes sont très bien habillées. On peut remarquer notamment leurs tenues, leurs robes, leurs chapeaux et leurs ombrelles. L’ombrelle est un signe de richesse car le tissu utilisé est d’une grande qualité et d’une grande fragilité.

Les hommes sont aussi très élégants. Ils portent des costumes, des chapeaux et certains ont une canne.

On ne distingue les hommes des femmes ou des enfants que par leur tenue ou leur taille. Les traits des personnes ne sont pas détaillés.

  • Que font-ils ?

Ils mangent bien sûr, il s’agit d’un restaurant ! Mais la présence des barques au premier plan nous permet de penser qu’ils peuvent aussi se promener sur la Seine ou pêcher. On peut aussi observer que certains se baignent. On peut imaginer qu’ils peuvent faire une sieste ou bronzer.

  • Décris le paysage.

Au premier plan, l’eau paraît trouble, elle semble en mouvement. Les barques sont attachées et on peut observer à l’intérieur les rames et y voir aussi les sièges. Elles attendent d’être utilisées.

Au centre, Monet a peint le « camembert », un îlot planté d’un arbre unique, reliant l’île au bateau-ponton par des planches étroites. C’est l’élément principal du tableau. Tout semble se diriger vers lui.

En arrière-plan, on distingue les arbres qui bordent la Seine. Ils sont disposés sur la ligne d’horizon surlignée de jaune.

Le tableau est plus clair à gauche et plus sombre à droite. On peut aussi voir que les couleurs chaudes sont positionnées dans le fond et que les couleurs froides sont plutôt au premier plan, cela donne une sensation de profondeur.

  • Imagine l’ambiance. Tu peux piocher dans les mots suivants (recherche leur signification si tu n’es pas sûr) :

Le calme, la gaité, l’apaisement, la joie, la tristesse, le bonheur, la détente, les cris de joie, les rires, les pleurs, la convivialité, l’exubérance, la chaleur, les vacances, les amis …

 

Auguste Renoir a lui aussi peint en 1869, avec Monet, ce même restaurant. Il y a quelques différences, essaie de les retrouver :

 

Renoir                                                                               Monet

Dans le tableau de Monet, « le camembert » est placé assez haut dans la toile ce qui met en évidence au premier plan, les reflets sur l’eau.

Renoir a choisi de peindre la scène en plan plus rapproché qui détaille mieux les personnages. Il y a plus de monde sur le camembert que chez Monet.

Renoir a ajouté des voiliers. C’est une femme qui est sur la passerelle du restaurant, un homme chez Monet.

Une barque a accosté sur le camembert chez Renoir, elle est au Soleil. Le peintre utilise des couleurs chaudes pour le montrer.

 

Le bateau atelier, 1876

Claude Monet possédait un bateau dans lequel il avait installé un atelier.

  • Peut-on deviner pourquoi Monet utilisait ce bateau atelier?

 

  • Il pouvait le faire grâce aux avancées techniques liées à la peinture : les tubes de couleurs, les pigments artificiels, les chevalets pliants.
  • Ce bateau lui permettait de peindre les rivières, l’eau, les berges, les autres bateaux plus facilement.
  • Il est à l’intérieur du paysage.
  • Jean-Pierre Hoschedé, le chroniqueur de la famille raconte (source Givernews). Que pouvons-nous ajouter à notre liste ?

Monet avait, pour être tranquille et être chez lui, acheté un bout de pré à l’embouchure de l’Epte, appelé Ile aux Orties. Là était en permanence le gros bateau avec cabine qu’il avait fait construire quand il était à Argenteuil sur les conseils de son ami Caillebotte et dont il se servait pour peindre sur la Seine et au milieu d’elle. Lors de nos baignades qui étaient presque journalières – l’eau de la Seine était propre à cette époque – ce bateau était toujours utilisé. Il nous servait, surtout, pour les plongeons effectués du toit de la cabine, Monet toujours le premier. Il était aussi bon plongeur que nageur et présidait, par prudence, toutes nos baignades collectives. Mes souvenirs sont restés vifs et pourtant, j’ai beau les solliciter, il m’est impossible de me rappeler quelle fut la fin de ce bateau historique dans la vie de Monet.

La femme à l’ombrelle tournée vers la gauche, 1886

Ce tableau appartient à une série de peintures exécutées par Monet pendant les étés 1875 et 1876 et qui représentent les champs couverts de fleurs sauvages près de Paris. Sa belle-fille sert de modèle.

  • Décris ce tableau, que vois-tu ? Tu peux utiliser les mots suivants :

une femme, une robe, un chapeau voilé, une colline, le corps, une ombrelle, des fleurs sauvages, de l’herbe, le ciel, les nuages, l’ombre, la lumière, le vent

  • Quel cadrage Monet utilise-t-il ?

Monet utilise ce que l’on appelle la contre plongée : il est situé en dessous de son modèle. La position de cette femme contre le ciel lui donne une sensation de monumentalité, d’importance.

  • Où a été peinte cette toile ?

Cette toile a été réalisée à l’extérieur, dans des champs couverts de fleurs sauvages près de Paris.

  • D’où vient la lumière?

La lumière du Soleil blanchit le haut de l’ombrelle et le tissu de l’arrière de sa robe. L’ombre par terre au premier plan indique que la lumière du Soleil est dans son dos. Le femme se détache de la lumière ce qui a pour effet de la mettre en valeur.

  • Dans quel sens le vent souffle-t-il ?

Le vent souffle de la droite du tableau vers la gauche. On le repère grâce aux herbes qui sont pliées vers la gauche, par la robe dont le tissu est porté par le vent et par le modèle qui est légèrement penché en avant, comme si elle était poussée par-derrière.

Portrait de Poly

Poly, pêcheur à Belle-Ile, 1886

Claude Monet séjourne à Belle-Ile, du 15 septembre au 25 novembre 1886. Il y rencontre Poly, Hippolyte Guillaume, un ancien pêcheur du village qui va l’aider chaque jour à porter son matériel sur les chemins escarpés de l’île.

Le 11 novembre 1886, Monet écrit à sa femme restée à Giverny.

« Grâce à Poly, un vieux matelot, un vrai type très amusant et très obligeant, je peux transporter plus de toiles et m’engager sur des mauvais sentiers. En ce mois d’octobre le temps est à la tempête, un temps ignoble et froid, affreux. J’ai reçu tant de grêle que ce soir la figure et les mains me font mal et par moments je craignais que mes toiles soient crevées »

Poly l’aide à fixer le chevalet avec un système de cordages de pierres. Le vent est si violent qu’il lui arrache parfois la palette des mains. Mais Monet ne se décourage jamais et continue à peindre avec acharnement.

Gustave Geoffroy, historien et critique d’art dira de Poly :

 » C’était un être inculte et bon, courageux et lent, rêvasseur et décidé, le teint de brique, la barbe éparse, le chapeau déteint et le tricot couleur de varech  »

  • Après avoir cherché la signification des mots que tu ne connais pas, le portrait de Poly fait par Gustave Geoffroy correspond-il au portrait qu’en a fait Monet ?

 

Monet gardera le portrait de Poly dans son atelier à Giverny (à droite en haut des escaliers). Signe que cette rencontre fut importante pour lui.

Monet écrit :

« Pour peindre la mer, il faut la voir tous les jours, à toute heure et au même endroit pour en connaître la vie à cet endroit -là ».

Il quitte Belle-Île trois mois plus tard en ayant réalisé 40 toiles.

Pluie à Belle-Ile, 1886                                                                     Les rochers de Belle Ile, 1886

Le bassin aux nymphéas, harmonie verte, 1899

C’est dans sa propriété de Giverny que Monet commence en 1893 la création d’un jardin d’eau dans lequel il souhaite cultiver des « nymphéas », l’autre nom des nénuphars, plus poétique mais qui ne désigne que les nénuphars blancs.

 

  • Quels sont les quatre éléments de décor mis en scène dans cette toile ? L’eau, les nénuphars, le feuillage, le pont
  • Quel élément est absent du tableau ? Le ciel
  • Quel est le sujet principal de ce tableau ? Le pont en bois, notre regard est tout de suite attiré vers lui.
  • Le pont sépare le tableau en deux parties distinctes, quelles sont-elles ? le feuillage des arbres en arrière-plan et l’étang et les fleurs (les iris, les joncs et les nénuphars). Le pont fait le lien entre ces deux parties de l’œuvre.
  • Monet a-t-il peint l’eau ? Pas vraiment, on devine l’eau seulement par la présence des nymphéas visibles à sa surface et par les reflets du feuillage des saules.
  • Quelles sont les couleurs utilisées pour ce tableau ? Les couleurs principales sont le vert et le bleu.

 

  • Que pourrions-nous entendre si nous étions dans ce jardin, sur la rive ou sur le pont ?

 

  • Le vent : Y a-t-il du mouvement dans les branches des saules ? Dans les joncs ?
  • Le bruit de l’eau : L’eau est-elle calme ou en mouvement ?
  • Des animaux : des grenouilles, des libellules, des oiseaux ?
  • Des voix : des personnages qui se promènent et discutent au bord de l’eau ?
  • Le silence

 

  • Que ressens-tu en te plongeant dans ce tableau ? Tu peux choisir parmi ces mots :

la solitude, le bien-être, le calme, la tranquillité, la tristesse, la joie, la peur, l’inquiétude, la détente, la crainte,  …

Citation de Monet : « un paysage n’existe pas en soi puisqu’il change d’apparence tout le temps, seule l’atmosphère environnante donne sa valeur au sujet. »,

 

La forme du petit pont de bois est sans doute d’inspiration japonaise car, comme nombre de ses contemporains, Monet est fasciné par le Japon : il possède une importante collection d’estampes, 243 au total, et d’objets décoratifs japonais, notamment son service de table et certains de ses meubles en bambou.

Deux peintres japonais ont particulièrement inspiré Monet : Hiroshige et Hokusai.

                                                       

A l’intérieur du sanctuaire Kameido Tenjin, 1857, Utagawa Hiroshige              Sous le pont Mannen à Fukagawa, Hokusaï,

Monet près du bassin aux nymphéas, 1905. Il a alors 65 ans.